L’Histoire du Bearded Collie

L’Histoire du Bearded Collie

Depuis des siècles on connaît en Ecosse des chiens de troupeau à fourrure hirsute et à tête poilue nommés « Scotch Sheep Dog », « Mountain Collie », « Highland Collie », ou « Hairy Mou’ed Collie ». Des chiens similaires existent dans le monde entier – dans les régions montagneuses ou soumises à des climats difficiles.

Ces chiens étaient appréciés avant tout pour leur robustesse et leur manière de travailler. La proximité des autres races locales – Border, Old English Sheepdog et même Hounds – est très certainement intervenue dans le patrimoine génétique du Bearded Collie.

Mais l’influence de Bergers de Vallée qui auraient été importés en Ecosse en 1514 doit être relativisée.

Les considérer réellement comme les ancêtres du Bearded semble injustifié selon le Major Logan – président du Bearded Collie Club anglais actuel – grand historien de la race. Jusqu’à la fin du 19 ème siècle le seul critère de sélection a été l’aptitude au travail et non le type, aucun standard n’a existé avant 1912.

Il y avait deux types, l’un dans la région des Border, grand chien au poil rude et plat, de couleur ardoise, l’autre des Highlands, plus petit, au poil plus court, brun et bouclé, très agile. Les deux types furent mariés pour réunir leurs qualités. Les Bearded Collies ne durent leur survie qu’à la qualité de leur travail, à leur résistance au froid, à l’eau et au dur climat des Highlands.

Entre 1807 et 1880 des Bearded Collies étaient utilisés pour la conduite des troupeaux, depuis les Highlands écossais vers l’Angleterre, surtout le Yorkshire et l’East Anglia.

Là, le bétail était engraissé avant de gagner les marchés des Midlands ou de Smithfield. On raconte que les chiens, après avoir accompagné les troupeaux, regagnaient l’Ecosse seuls, s’arrêtant dans les auberges et les fermes qui avaient servi d’étapes à l’aller, y recevant leur nourriture.

Les maîtres, restés dans le Sud pour les moissons ou rentrant par la mer, payaient leur pension l’année suivante. C’est le long de ce trajet que l’on rencontre des races locales qui rappellent le type du Bearded.

Au court des 18ème et 19ème siècles on peut identifier des Bearded Collies sur des tableaux. « The Shepherd’s Dog » par Reinagle en 1804, représente certainement un Bearded; le chien est brun et cette robe n’existe pas chez le Bobtail. Pas de doute pour le tableau de Henning, intitulé « Bearded Collie and Hound » en 1855. La première publication réellement consacrée au Bearded Collie date de 1891.

Quelques beaux spécimens figurèrent dans des expositions à Glasgow et ailleurs, avant celle, décisive, du Scottish Kennel Club à Edimbourg en 1897, où la race fut reconnue comme telle pour la première fois . Cet évènement est à mettre au crédit de M.H. Panmure Gordon – Président du S.K.C. – grand cynophile et amateur de Bearded Collies.

Une autre personnalité marquante pour la race fut, au début du 20ème siècle, Bailie James Dalgliesh, éleveur sous l’affixe Ellwyn, exposant et juge. Il utilisait ses chiens dans ses parcs à bestiaux du sud de l’Ecosse.

Un premier club fut créé en 1900 à Edimbourg sous la présidence de B.J. Dalgliesh, mais n’aboutit à rien. Un second en 1912 cessa ses activités pour cause de première guerre mondiale. Il faut ici rendre hommage également aux efforts de Mrs. Cameron Miller – affixe Balmacneil.

Son chien le plus célèbre fut Viscasford Scottie, produit par A. Scott en 1926, et qui a pris le nom de Balmacneil Scott en devenant sa propriété en 1928. Il fut présenté avec succès en exposition à travers tout le Royaume Unis, comme plus tard son fils Balmacneil Rook.

Mrs. Cameron Miller ne ménagea jamais sa peine pour la promotion de la race. De Janvier 1929 à Décembre 1934, elle produisit dix portées et déclara 55 chiens. On l’accusa d’avoir pratiqué des croisements avec des Bobtails car elle n’aurait disposé que d’individus de même sexe.

Or le Major Logan a répertorié cinq étalons et sept lices qu’elle a utilisés: tous des Bearded. Son étrange manie de pratiquer des mariages presque systématiquement hors lignée, son éloignement des grand centres urbains, mais surtout sa santé défaillante, firent qu’elle ne recueillit jamais les résultats de son travail.

Après sa mort, on ne retrouve aucune trace de ses chiens. Il existe toutefois une possibilité que leurs descendants aient participé à l’histoire moderne de la race.

A partir de 1939, même si on trouve toujours des Bearded au travail dans toute l’Ecosse, plus un seul n’est enregistré au K.C. jusqu’en 1948, date de l’enregistrement de Jeannie of Bothkennar, née à Killiecrankie, à environ 10 miles de Ballinluig, demeure des Balmacneil… Durant toutes ces années il y a toujours eu des Bearded de travail, mais aussi de compagnie, puisque Suzanne Moorhouse en possédait un du nom de Rory, né en 1938, et avant elle, sa mère et sa grand mère en avaient eu.

L’évènement majeur, qui marque le début de l’histoire moderne du Bearded, se situe en 1944. Mrs. G.O. Willison, qui désirait un Shetland issu de lignées de travail, obtenait par erreur un Bearded. Mrs. Willison fut séduite par le caractère, l’intelligence et l’instinct de travail de la petite femelle brune qui allait devenir la célèbre Jeannie of Bothkennar.

Ce fut une grande chance… elle était la personne idéale pour assurer la promotion de la race.

Elle avait l’enthousiasme, la ténacité, mais aussi les moyens nécessaires; possédant une grande propriété dans le Middlesex – Bothkennar Grange – et ayant des relations dans le milieu de la cynophilie: son mari occupait un poste important dans la firme Phillips Yeasts – Vetzyme.

Dans un premier temps elle voulu simplement se fabriquer une deuxième Jeannie et utilisa pour cela un mâle bien typé mais dont la mère était un Border. Cette portée eut divers avatars et ne laissa pas de traces.

Deux ans plus tard en 1948, Jeannie fut enregistrée et devint Jeannie of Bothkennar. Mrs. Willison fit des recherches plus approfondies sur ses origines, elle apprit ainsi qu’elle était née de Baffler et Mist, des chiens de travail, chez Mr Mc Kie de Killiecrankie.

Ceci l’amena à rechercher un étalon de lignée pure pour Jeannie. Après deux années de recherches, le destin la récompensa, lui faisant rencontrer la perle rare sur une plage de Brighton: David, un magnifique mâle gris de seize mois et demi, né dans le North Devon, de parents connus.

Sa propriétaire étant obligée de s’en séparer, Mrs. Willison en fit l’acquisition deux jours plus tard. Après avoir été examiné par un juge, David fut enregistré au K.C. et devint Bailie of Bothkennar.

Le sept avril 1950 naquit la portée tant attendue, trois mâles et trois femelles dont deux malheureusement n’étaient pas conformes au standard, elle garda la troisième,

Buskie, ainsi que les mâles Bogle, Bruce, et Bravado.

Tous les Bearded actuels descendent de ces chiens.

C’est sur eux que Mrs. Willison bâtit sa lignée, y mêlant des apports extérieurs, d’origines souvent inconnues: Bess of Bothkennar, Jennifer of Multan, deux chiennes de travail, les mâles Newton Blackie au Captain Owen ( père de Ridgeway Rob ), Mirk, et surtout Britt of Bothkennar fils de Jock et Mootie ( une femelle bleue merle), le premier Bearded à remporter un CC, et étalon le plus utilisé à l’époque puisque géniteur de quinze portées.

Malgré de nombreuses désillusions, tout ce travail et cette obstination furent récompensés par de nombreux champions. Beauty Queen, la première, Barberry, Barley, Bronze Penny, Bravo, Benjie, Bosky Glenn, Bobby, Blue Bonnie, Bracken Boy.

Les deux élevages les plus anciens directement issus des Bothkennar furent ceux de Suzanne Moorhouse (Willowmead), et de Mary Partridge (Wishanger).

Elles menèrent leurs chiots, Willowmead Barberry of Bothkennar et Wishanger Barley of Bothkennar, frère et soeur de portée (Ridgeway Rob par Bra’tawny of Bothkennar en 1955) au titre de champion.

Ces trois lignées de réputation mondiale, sont à la base de tous les champions actuels. C’est sur eux que vont débuter une poignée d’éleveurs, certains avec des chiens repris à Mrs. Willison, après sa retraite en 1964 pour raisons de santé: Osmart – Mr et Mrs Osborne ( Bravo, Blue Bonnie, Bluebelle ), Edenborough – Shirley Holmes (Bracken Boy ), Broadholme – Diane Hale ( Bobby’s Girl ), Brambledale – Lynne Evans (Briquette ), Tambora – Jackie Tidmarsh ( Bausant ), qui seront les élevages leader des années 60 et 70 avec Davealex – J.Stopforth, Canamoor – G.A. Wheeler, Sunbree – Barbara Iremonger.

Tous ces éleveurs ont eu le mérite d’homogénéiser le type et les tailles, le club de race anglais ayant été créé en 1955, et le standard établi en 1964, puis révisé en 1978. Les années 80, seront celles de la jeune génération: Orora – Bryony Harcourt-Brown , Potterdale – Mike et Janet Lewis, Tamevalley – Maureen Reader; grâce à qui la race a acquis le style et l’élégance qui lui permettent de prétendre aux honneurs suprêmes comme le Best in Show de Potterdale Classic of Moonhill à Crufts en 1989.

Les anciens chiens célèbres.

Les étalons:

CH. Edenborough Blue Bracken, 39 CC, record jamais battu, le chien qui a lancé la mode du Bearded glamoureux et sophistiqué, premier a avoir gagné un B.I.S.. CH. Osmart Bonnie Blue Braid, père de 13 champions, un classique. CH. Pepperland Lyric John at Potterdale, 30 CC, à l’origine de l’épopée victorieuse des Potterdale, élevage le plus titré depuis 1980, père de 16 champions. CH. Orora’s Frank, 18 CC, père de 11 champions, une démarche de rêve. CH. Potterdale Philosopher, le plus marquant des Potterdale, et son petit fils, CH. Sammara Standing Ovation, seul étalon Bearded revenu en Angleterre après un séjour de 18 mois aux Etats Unis. CH. Wishanger Cairnbahn, CH. Brambledale Balthazar, CH. Sunbree Sorcerer, qui ont en commun leurs grandes qualités de tempérament, pigmentation, construction. CH. Potterdale Privilège, fils de Lyric John, top Bearded 89 et 90. CH. Potterdale Conclusion.

Les femelles:

CH. Tamevalley Easter Song at Potterdale, la jolie Tally qui vit son record de 19 CC battu par sa fille, CH. Potterdale Classic of Moonhill dont la plus grande victoire a été le best in Show de Crufts 1989. CH. Willowmead Perfect Lady, CC à Crufts trois années consécutives. CH. Dutch Bonnet of Willowmead, fondation des Tamevalley, mère de Tally. CH. Blumberg Hadriana at Potterdale, mère de 6 champions, dont Philosopher. CH. Potterdale Persuasion.

Le Bearded en France.

Après les Etats Unis et le Canada, l’Europe découvre le Bearded Collie. Dès 1957 des chiens sont importés en Norvège et en Belgique. Le premier Club continental est créé en Hollande en 1966.

Il faut attendre une dizaine d’années pour que Black Boy of Brambledale arrive chez Monsieur Briet, élevage des Schaggys. C’est là que naissent en 1976 les six premiers bébés français.

D’autres éleveurs se passionnent pour la race et vont former la base de l’élevage français, utilisant des importations surtout anglaises (Brambledale, Willowmead, Davealex, Dearbolt, Benbecca, …), mais aussi italiennes (Del Narciso) et hollandaises (Van der Warwinckel)

LE PREMIER BEARDED COLLIE INSCRIT AU LOF

au centre : Brambledale Becky, à droite : Lively van de Warwinckle

BLACK BOY OF BRAMBLEDALE
(à gauche sur la photo)
Mâle gris né le 4/08/1974 – LOF : 1/1
Producteur : Miss EVANS
Propriétaire : M. BRIET


(Article paru dans le magazine Vos Chiens en 1991, certains passages ont été revisités en 2014).